En clientèle de psychanalyse, nous sommes très familiers de ces associations entre plusieurs sens qui peuvent dérouter les personnalités plus cramponnées aux lieux communs statistiques. Pour "faire scientifique" on oppose volontiers aujourd'hui d'opposer "les névrosés" qui n'y entendraient rien et "les vécus autistiques" pour lesquels ce que vous décrivez est chose si commune que chacun apprend à dissimuler ces expériences à son médecin pour qu'il ne vous trouve pas "autiste". Dans ce qui est encore psychologically correct, je vous invite à remarquer que les sophrologues, par exemple, utilisent comme technique ordinaire de l'induction hypnotique ces prescriptions d'associations-dissociations sensoreilles ("maintenant vous allez chanter un son "vert") Si l'on veut se déprendre des bétises médicales ("normal" versus "autistique") on peut lire avec profit les études de Oliver Sachs sur les SYNESTHESIES (l'odeur du si bemol..) . Et mieux encore les pieces de théatre produites par Peter Brook à partir de la lecture de Sachs pour ramener le phénomène synesthésique (les confusions ou superpositions de messages sensoriels: un son de couleur très précise) à être reconnue comme UNE PARTIE DE L EXPERIENCE DE TOUT HOMME .. mais une partie de l'expérience de tous qui pour des raisons encore peu analysées reste réprimée par la NORME de tous (l'homme qui.. The valley of estonishment) Brook puise dans Sachs, autrement dit dans ce qui est repéré "troubles neurologiques".. Mais je puis vous attester depuis ma clientèle de "gens normaux" que l'expérience d'être envahi par une couleur ou un son ou une odeur depuis un tableau ou une musique est une conservation originale mais "normale", des états du Moi très durables mais souvent oubliés dans lequels nos expériences sensorielles d'un même objet (son couleur odeur) ne sont pas encore intégrées mais seulement juxtaposées voire dissociées. Le point commun avec les autistes ASPERGER (brook the valley of estonishment) c'est que les personnes qui ont ces expériences repèrent avec la réaction des autres qu'il vaut mieux garder ces expériences pour soi car une bonne partie de l'entourage "ne comprendra pas de quoi vous parlez". Il est bien probable que vous pourrez chercher des communautés et forums de synesthésiques qui vous rassureront sur cette partie de l'expérience humaine que des contemporains plus normatifs vous invitent à nier ou cacher. Cette "anomalie" est une richesse au même sens qu'est une richesse l'anormale capacité de Picasso à GRABOUILLER UN CHEF d OEUVRE ... ce que nous avons tous réussi vers 3 à 5 ans... et ce dont la scolarisation-normatisation NORMALE nous a coupés. J'ajoute que dans mes exemples (sur le divan) qui ne sont donc pas des exemples pris au hasard (des gens qui demandent de l'aide) cette expérience d'une extreme acuité du "si bemol" ou du "petit pan de mur jaune", peut être devenue douloureuse du fait qu'il est des gens qui vous renvoient que "ce que vous vivez n'existe pas". Cela renvoit aux premiers stades de la différenciation des autres et de leurs normes, et c'est l'objet de notre accompagnement dans la cure psychanalytique: que ce qui pourrait faire obstacle soit intégré comme LA richesse interne.
Psychothérapeute Répondu le : 22-02-2016 23:02