Très vaste question. Et d'usage quotidien. D'abord une réponse simple: "gronder" et "connerie", voilà deux mots que je tiens comme les indices de ce qui vous gène dans la question que vous posez (la gène de se trouver contraint à un vocabulaire abusif , qui tient le schizophrène-désigné pour un enfant, immature, il l'est un peu plus que vous ou moi, immature, mais ce n'est pas l'immaturité de l'enfant. Et il y a le delire) Mon collègue vous a donné la réponse du psychiatre sur l'item "délire" : on aide rien à aller dans le sens du délire, on aide rien non plus à aller contre . Imaginez que quelqu'un soit pris dans un rève , lui dire que ce n'est pas réaliste ne guérit pas, cela peut fâcher, et meme s'il se dit le lui-même dans son reve.. Mieux vaut éludre une prise de position frontale sur le "rêve délirant", mieux vaut se déclaré dépassé par la question (et au plus se essayer de se rapprocher prudemment de "toi tu as vu cela, mais moi je ne l'ai pas vu" en ménageant que la chose peut être parfaitement concrète). Mais il n'y a pas sur ce sujet que la réponse du psychiatre. Le psychanalyste spécialisé dans la psychothérapie des psychoses ajouterait ceci qui est focalisé mais extremement précieux dans mon expérience et dans celle des familles: " le schizophrène n'est pas seulement inconscient de son inconscient (comme chacun d'entre nous), il nous faut réaliser très conrètement, et tenir compte, du fait que le schizophrène est EN PLUS largement inconscient des ETATS DE SON MOI" (heureux, triste, sommeil, faim..) Cette phrase apparemment contradictoire je la bricole depuis mon souvenir des leçons de mon collègue PC RACAMIER ("nature et fonction du soin des psychotiques"). On ne mesure jamais assez l'utilisé du soin qu'on apporte à un Schizophrène quand on le REINSEIGNE sur les états de son Moi (sans avoir l'air de DEVINER: " peut être que tu as oublié de manger aujourd'hui, essayons de vois si manger ne serait pas mieux.. je crois que tu as trop chaud avec ce pull au mois d'aout, et je vois que tu sues à grosse gouttes.. " (même chose pour l'informer de ce que son action fait à votre Moi: "je crois que tu es en colère et que c'est pour cela que tu me tapes sur le bras, mais cela me fait mal à mon bras, je ne suis pas faché contre toi mais je voudrais que tu arretes car cela me fait mal") En fonctionnant DISCRETEMENT comme un "moi-auxiliaire" ("NOUS allons voir si ce ne serait pas mieux, tu me diras) on peut avoir un grand effet positif sur la santé.. Au contraire en grondant comme s'il y avait là un "mauvais désir", on accroit la colère ou l'abattement(=le sentiment de rejet). Les schizophrènes sont déjà severes pour eux mêmes (et parfois pour les autres) et on peut se dire en général qu'ils seront aidés par toute personne qui réussit à DEMEURER SOI-MEME à son contact, en osant dire ce qui déplait et que cela n' change pas notre relation positive... Pas de référence à des "désirs" culpabilisants : "cette action m'est désagréable mais elle semble utile pour..., voyons ensemble comment nous pouvons faire pour qu'elle ne me soit pas désagréable.."
Psychothérapeute Répondu le : 14-05-2016 18:05